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Audit des règles firewall : une nécessité trop souvent négligée

Le pare-feu, outil central de sécurité

Imaginez une entreprise qui aurait investi des millions dans la sécurisation de ses données, mis en place les meilleurs antivirus, les meilleurs systèmes de détection d’intrusion, mais qui laisserait son pare-feu fonctionner avec des règles datant du déploiement, jamais révisées. Est-ce un cas isolé ? Malheureusement non. Trop souvent, les audits de règles firewall sont relégués au second plan, considérés comme une tâche fastidieuse, voire inutile. Pourtant, ces audits sont cruciaux. Comment garantir la sécurité d’un système si l’on ignore qui a le droit d’entrer ou de sortir ?

Les audits de règles firewall ne sont pas seulement un exercice de conformité, ils sont un levier stratégique de gestion des risques.

Dans cet article, nous allons explorer en détail les enjeux, les méthodes et les bonnes pratiques pour auditer efficacement un firewall.

Le rôle d’un firewall

Un firewall agit comme une barrière filtrante entre plusieurs réseaux, autorisant ou bloquant les flux de données en fonction de règles configurées. Ces règles peuvent être très simples (ex : « autoriser HTTP depuis le réseau interne vers Internet ») ou plus complexes (ex : mention d’une plage réseau spécifique, groupes d’utilisateurs spécifiques, ajout de profil de sécurité…).

Nous le savons tous, un système d’information évolue quotidiennement, forcé par l’ajout de nouveaux réseaux, l’ajout ou la suppression de serveurs, de nouvelles agences. Ces modifications nécessitent des ajustements sur les firewalls, néanmoins force est de constater qu’une fois en place, ces règles sont rarement revues.

 Au fil du temps, elles s’accumulent, se contredisent, ou deviennent obsolètes. On parle alors de « règles zombies » ou de « shadow rules ». Ces règles non optimisées peuvent être à l’origine de brèches de sécurité pouvant mener à des cybers attaques.

Pourquoi auditer les règles firewall ?

Un audit des règles firewall vise plusieurs objectifs fondamentaux qui vont bien au-delà de la simple vérification technique.

Il s’agit d’abord d’identifier les règles devenues obsolètes ou inutilisées afin de libérer des ressources sur les équipements et de réduire la surface d’attaque exposée à d’éventuelles menaces.

En parallèle, l’audit permet de s’assurer de la conformité des configurations en place avec les politiques internes de sécurité, ainsi qu’avec les standards et exigences réglementaires.

L’audit contribue également à améliorer la lisibilité des règles. Une politique de filtrage claire et structurée facilite la maintenance, limite les erreurs humaines et favorise la réactivité en cas de besoin.

Ne pas procéder régulièrement à cet exercice expose l’organisation à des risques importants : des ports critiques peuvent être ouverts par inadvertance, des règles trop larges peuvent permettre des accès non contrôlés, et la traçabilité des incidents peut être fortement compromise.

Audit ponctuel ou continu : quelle approche adopter ?

La question du bon moment pour réaliser un audit firewall revient fréquemment lors de nos échanges avec les RSSI ou les responsables réseau. En pratique, il existe deux approches principales : l’audit ponctuel et l’audit régulier.

L’audit ponctuel intervient souvent en réaction à un événement déclencheur. Il peut s’agir d’un incident de sécurité, comme une compromission réseau ou une suspicion d’intrusion, qui justifie une revue immédiate des règles en place. Mais cela peut aussi être motivé par une transformation de l’infrastructure, comme une migration vers le cloud, une refonte du réseau, ou la mise en œuvre d’un nouveau système d’information. Dans ces cas, l’objectif est de vérifier que les règles existantes sont toujours adaptées au nouveau contexte et qu’elles ne créent pas de zones de vulnérabilité.

En parallèle, une stratégie de gouvernance mature s’appuie sur des audits réguliers, planifiés à des fréquences prédéfinies, généralement trimestriellement, semestriellement ou annuellement. Ces audits préventifs s’intègrent dans un processus d’amélioration continue de la posture de sécurité. Ils permettent non seulement de limiter la dérive des configurations, mais aussi de faciliter la collaboration entre les différentes parties prenantes en maintenant une visibilité partagée sur les politiques de filtrage. En automatisant certaines tâches et en documentant les modifications dans le temps, ces audits réguliers constituent un levier de professionnalisation de la gestion des firewalls.

Qu’il soit réalisé de manière ponctuelle ou récurrente, l’audit firewall doit reposer sur une méthodologie claire, rigoureuse et reproductible, afin de garantir la fiabilité des constats et l’efficacité des recommandations.

Outils et expertises mobilisés

L’efficacité d’un audit firewall repose en grande partie sur la combinaison judicieuse d’outils technologiques avancés et d’une expertise humaine pointue.

Dans les environnements complexes (corpus de règles très importants, infrastructure comportant de nombreux firewalls) des solutions dédiées d’audit de firewall et de règles permettent d’automatiser les revues.

Ces outils sont capables d’analyser de vastes ensembles de règles, de détecter les incohérences ou les duplications, de visualiser les flux autorisés, voire de simuler les impacts d’un changement de configuration. Ils offrent un gain de temps considérable.

Dans des environnements plus restreints il est possible de mener ces opérations, soit manuellement soit au travers des fonctionnalités embarquées dans les solutions de firewalling.

Cependant, même si des outils existent il serait réducteur de croire que la technologie suffit. La réussite d’un audit repose avant tout sur la compétence des analystes. Leur capacité à interpréter les résultats, à comprendre le contexte métier, à dialoguer avec les administrateurs système et réseau, et à formuler des recommandations opérationnelles fait toute la différence.

C’est cette synergie entre automatisation et expertise humaine qui garantit la qualité et la pertinence des audits firewall que nous menons chez nos clients.

Bonnes pratiques concernant la gestion des règles

Au terme de chaque mission, certaines recommandations reviennent systématiquement comme des fondamentaux à mettre en œuvre pour pérenniser la sécurité et faciliter les futures opérations d’audit. Il est essentiel d’instaurer une traçabilité systématique des règles : chaque entrée dans la politique de filtrage devrait être associée à un identifiant unique, un responsable clairement désigné et une justification opérationnelle explicite. Cette approche garantit une meilleure responsabilité et facilite les investigations en cas d’incident.

Il convient également d’adopter une nomenclature explicite pour tous les objets, règles ou groupes utilisés dans le firewall. L’usage de noms clairs et descriptifs remplace avantageusement les traditionnels « object1 » ou « rule2 », sources fréquentes de confusion et d’erreurs lors des opérations de maintenance.

Le principe de sécurité par défaut, souvent résumé par le concept de « Zero Trust », doit être intégré dès la conception des politiques : aucun flux ne devrait être autorisé sans justification, et tout accès doit être explicitement défini. Cela passe notamment par l’adoption d’une posture « deny all » par défaut.

Les règles temporaires doivent être clairement identifiées, soit via des commentaires explicites, soit par des tags ou labels spécifiques, afin de s’assurer qu’elles ne deviennent pas permanentes par oubli ou négligence. Cette identification permet de mettre en place un suivi et un processus de suppression automatique ou de revalidation régulière.

Enfin, la revue périodique des règles doit être intégrée à la gouvernance de sécurité. Ce processus, s’il est formalisé, permet de faire le lien entre l’évolution des besoins métiers et les ajustements techniques nécessaires. Il doit s’accompagner d’un effort de décloisonnement : les équipes réseau, sécurité, développement ou même métiers doivent pouvoir collaborer autour de la cartographie des flux et des politiques de sécurité. C’est dans cette transversalité que réside une part importante de la réussite durable en matière de sécurisation des firewalls.

Conclusion : L'audit firewall, un investissement stratégique

Auditer ses firewalls représente bien plus qu’un simple exercice technique : c’est un investissement stratégique. Cela permet de mieux maîtriser son exposition aux risques, d’anticiper les dérives, de garantir la conformité et de renforcer durablement la posture de sécurité.

Cet effort constant d’analyse, de nettoyage et d’optimisation des règles est une démarche proactive, qui renforce la résilience de l’organisation face aux menaces évolutives.

En tant qu’experts sécurité dans une SSII, nous le constatons au quotidien : les organisations les plus agiles et les plus robustes sont celles qui ont inscrit l’audit firewall dans leurs routines de pilotage opérationnel. Elles en tirent des bénéfices tangibles, tant sur le plan technique que stratégique.

Chaque règle de firewall mal définie est une faille potentielle — l’audit le rappelle sans détour.

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